Deux mondes en un - Extrait du livre « Cause commune » de Philippe Aigrain

Cet article est une mise en bouche. Il s’agit d’un large extrait du premier chapitre du récent livre de Philippe Aigrain intitulé « Cause commune : l’information entre bien commun et propriété » (Editions Fayard, Collection Transversales)

Philippe Aigrain, dont nous avions déjà reproduit une publication, présente ainsi son ouvrage : Le livre "Cause Commune" essaie de rendre vivants pour tout un chacun les enjeux politiques des choix entre donner à l’information, aux connaissances, aux idées le statut de biens communs ou au contraire les rendre objets de droits de propriété restrictifs. J’y montre que ces choix jouent un rôle essentiel dans le futur proche de nos sociétés et de la capacité que nous aurons -comme citoyens- de prendre notre devenir en main.

Ce premier chapitre est disponible dans son intégralité sur le site d’éditeur. Quant au livre, vous le trouverez bien entendu chez votre libraire préféré mais encore en ligne comme par exemple sur Alapage ou Amazon.

Remerciements aux Editions Fayard pour nous avoir autorisés à reproduire ces extraits d’un ouvrage dont on notera par ailleurs qu’il sera mis en ligne sous licence Creative Commons BY-NC-ND dans six mois.

Si il fallait donner une dimension politique à un modeste site comme le nôtre, alors elle s’inscrirait très certainement dans cette réflexion là...

L’illustration sous licence Art Libre est l’œuvre de Kavlan.

CAUSE COMMUNE
Chapitre 1 (extrait)

Deux mondes en un

« Commun : qui appartient à tous ;
à quoi tous ont droit ou part. »

Grand Larousse Encyclopédique

Cher lecteur, chère lectrice, supposons un instant que, comme dans les romans de science-fiction de Doris Lessing [1], vous fassiez partie d’une lointaine équipe intergalactique envoyée chez nous prendre le pouls de notre planète. On vous aura muni d’instructions qui paraîtraient surprenantes à un Terrien. On vous invite à ignorer temporairement les symptômes d’une crise écologique physique : montée de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, usage rapidement insoutenable des ressources énergétiques, apparition de nouveaux problèmes de santé liés aux milieux et modes de vie. On vous demande de vous consacrer de toute urgence à un domaine largement immatériel, celui des échanges d’information entre êtres humains et des tensions qui s’y produisent. Vous partez en quête d’observations.

Première observation : Wikipedia

Le 15 janvier 2001, Larry Sanger, Ben Kovitz et Jimbo Welsh lancèrent un projet qui visait à créer une encyclopédie à laquelle chacun pourrait accéder librement et gratuitement, dont chacun pourrait réutiliser et modifier les articles pourvu que les articles modifiés restent eux-mêmes librement accessibles, utilisables et modifiables. L’outil de production de cette encyclopédie était un Wiki, c’est-à-dire un logiciel permettant à n’importe qui d’éditer n’importe laquelle de ses pages (articles) avec un simple navigateur Web.Vous avez bien lu : n’importe qui ayant accès à la Toile peut à n’importe quel moment changer le contenu de n’importe lequel des articles de cette encyclopédie. Un observateur terrien de cette activité, Clay Shirky, a reconnu dans son article « Les logiciels sociaux et la politique des groupes » [71] [2] que, même parmi les promoteurs de la coopération informationnelle, bien peu croyaient qu’une approche ouverte à tous, sans aucun contrôle éditorial a priori, pouvait aboutir à autre chose qu’à un chaos destructif.Trois ans et demi plus tard, la version anglaise de l’encyclopédie comporte 370 140 articles, et Wikipedia [3] existe dans plus de 80 langues, dont 18 comportent plus de 10 000 articles, le total dépassant aujourd’hui le million d’articles. La version française en comporte près de 60 000, en augmentation rapide. La vision dynamique du progrès du projet est encore plus impressionnante : passé une certaine masse critique d’articles et d’usagers dans une langue donnée, la qualité des articles augmente rapidement. Pour un exemple d’article abouti, on pourra consulter notamment l’article « Clavecin [4] » de la version française.

Comment Wikipedia peut-il fonctionner et aboutir à un tel succès ? En libérant la capacité créative de dizaines de milliers de contributeurs, et en permettant à cette capacité de s’exercer à petites doses, incrémentalement. Et aussi en s’assurant, ce qui est tout le génie de la conception technique des Wikis et de la mise en oeuvre qu’en fait Wikipedia, que cela prenne au moins autant de temps de détruire que de créer, et que les destructions soient réversibles. Wikipedia met en action des dispositifs de sécurité, mais ils ne s’exercent que contre ceux qui voudraient modifier de très nombreuses pages à la fois, ce qui ne saurait être le cas d’un contributeur bien intentionné. C’est seulement pour quelques endroits « critiques », telle la page d’accueil du projet, qu’il a été nécessaire d’introduire des principes de modération (soumission de la demande de changement à l’équipe éditoriale). Comme la plupart des projets de coopération informationnelle libre,Wikipedia possède de nombreux dispositifs pour alimenter la coopération, lui permettre de progresser vers des buts partagés : listes de discussions entre contributeurs, historiques, métaprojets de coordination linguistique, projets satellites sur les synonymes, les citations, et surtout ce que Clay Shirky appelle la « Constitution commune » du projet, l’énoncé de ses buts et de ses règles.

Voilà notre observateur intergalactique fort étonné. En général, on ne l’envoie pas aussi loin pour constater que tout va bien. Il poursuit donc ses observations, et en voici bientôt une seconde, qui paraît difficile à concilier avec la première.

Deuxième observation : les multinationales de l’information en guerre contre leurs clients

Sous le titre « Le patron de Vivendi va prendre la tête de la guerre contre le piratage », le Financial Times [81] rapporte que, le 12 octobre 2004, Jean- René Fourtou, PDG de Vivendi-Universal et président de l’International Chamber of Commerce, s’est adressé, aux Nations unies, à un parterre de dirigeants de multinationales pharmaceutiques, pétrochimiques, du logiciel et des biens de consommation. Il a annoncé une offensive industrielle mondiale contre le piratage intellectuel, appelant les dirigeants d’entreprise à s’unir dans cette guerre. Le même jour, selon une dépêche de l’Associated Press, un groupe de travail fédéral américain a recommandé de donner de nouveaux pouvoirs d’enquête et de police à ceux qui combattent le « vol de propriété intellectuelle », allant de la contrefaçon de médicaments à l’échange de musique sur Internet. Par exemple, le rapport de ce groupe de travail suggère d’autoriser les écoutes téléphoniques et la surveillance d’Internet, ainsi que d’instituer une obligation pour les fournisseurs d’accès à Internet de donner les noms des usagers accusés d’échanges de contenus soumis à copyright. Rien là de spécifique aux États-Unis : un renforcement similaire des procédures, incluant des mesures de saisie préventive des biens et avoirs des personnes accusées, est prévu dans la directive européenne « Respect des droits de propriété intellectuelle  » adoptée le 29 avril 2004.

Les Terriens semblent ne pas s’étonner que l’on traite avec les mêmes instruments juridiques et de police la copie industrielle de produits physiques et l’échange d’information sans but lucratif par les individus. Ils ne paraissent pas s’étonner non plus d’une coalition mondiale de grands patrons s’organisant pour mener un lobbying conjoint auprès des gouvernements de 80 pays et cédant à la frénésie de la guerre préventive au point d’en lancer une contre leurs propres clients.

Les deux mondes

Redevenons simples Terriens. Cette coexistence de phénomènes apparemment si disparates qui touchent la production et les échanges d’information est-elle anecdotique ? Résulte-t-elle d’une sélection un peu aléatoire effectuée par notre observateur intergalactique ? Il n’en est rien.

[...]

Tout se passe comme si deux mondes habitaient une seule planète, y traçant des routes complètement différentes.

Dans le premier, des programmeurs [5] de logiciels libres distribués dans le monde entier créent, sans recours aux transactions monétaires, des réalisations techniques plus complexes que ce dont l’humanité a pu rêver jusqu’à il y a peu. Le partage des goûts et des créations réinvente la diversité culturelle autant qu’il la brasse. L’usage des technologies de l’information et de la communication, du courrier électronique aux listes de discussion, des sites Web coopératifs à la mise en réseaux d’informations mutualisées, favorise l’apparition de nouvelles solidarités mondiales et locales. L’émergence de ressources et d’outils partagés pour l’information, par la preuve qu’elle apporte des bénéfices de la coopération et de la solidarité, renforce l’idée qu’il existe des biens communs porteurs d’avenir. Les acteurs de ces domaines s’allient à ceux qui combattent pour préserver les biens publics mondiaux fragiles de la sphère physique (eau, air, climat, environnement). Les solidarités sociales s’enhardissent et se donnent les moyens du contrôle qualitatif des formes d’échange et de production, valorisant dans un même mouvement le commerce équitable, les économies d’énergie et le partage des connaissances. Elles explorent de nouveaux moyens de doter de ressources suffisantes les biens publics sociaux (éducation, santé, revenus pour tous). Une nouvelle ère du politique s’ouvre, qui s’appuie sur l’État à toutes ses échelles et sur les institutions internationales sans avoir besoin qu’ils contrôlent la vie sociale dans le détail.

Dans le second monde, des multinationales produisent des contenus standardisés (films, produits de marque, formats d’émissions télévisées) qu’elles déclinent en versions « localisées ». Elles consacrent des sommes gigantesques à les promouvoir auprès de ceux qui sont assez riches pour se les payer, ou pour que leur attention soit vendue aux annonceurs publicitaires. Elles défendent leurs monopoles par de multiples murs de propriété : brevets, droits d’auteur patrimoniaux dont la mise en oeuvre est maintenant assurée par la technique et la surveillance, à un moindre degré, marques. Les mécanismes complexes des transactions liées aux licences de brevets et de copyright leur permettent d’échapper aux prélèvements fiscaux. Dans ce monde, nous devenons les terminaux de la musique que nous écoutons, de médias qui ne nous permettent plus de distinguer mise en scène et réalité. Des campagnes d’information gouvernementales nous invitent à adopter une alimentation saine, alors que pour l’immense majorité de la population ni l’offre du supermarché du coin, ni les messages publicitaires généraux, ni les contraintes de temps ne permettent d’adopter ces comportements. Dans ce monde, nous sommes les cibles de médicaments, bientôt personnalisés génétiquement, que nous consommons, les logiciels nous utilisent plus que nous ne les utilisons, et nous éprouvons leurs mises à jour comme autant d’épreuves non choisies. Les marges de profit inimaginables des industries qui possèdent des monopoles sur l’information transforment l’économie physique en une dépendance subissant en permanence la pression de la maximisation des revenus financiers. Les territoires, les travailleurs, y sont jetables, ou reconfigurables à merci. Dans les marges de ce monde, ceux qui ne réunissent pas les conditions de revenu ou de socialisation pour être des terminaux rentables survivent de débrouilles aux franges de la légalité et des miettes de systèmes de solidarité privés de leurs ressources. La criminalité organisée prospère sur la déconnexion entre prix et coûts de production [6], qui lui permet de transformer la contrefaçon en industrie utilisant les mêmes circuits que les multinationales. Ceux qui disposent du confort nécessaire tentent d’échapper à la perte de sens qui résulte de tous ces mécanismes par le repli sur soi et la reconstruction d’un environnement protégé dans une sphère privée.

Aperçu

Notre présent est gros de ces deux mondes. Ils l’habitent l’un comme l’autre, mais leur cohabitation est si tendue, si explosive, que l’heure des bifurcations arrive. Dans les quelques années qui viennent, nous allons prendre des décisions qui détermineront de façon irréversible lequel de ces deux mondes va dominer notre avenir. Mais d’où viennent ces deux mondes ? Une cause commune les a mis en mouvement. La naissance de techniques permettant d’extraire l’information, de la créer, de la transformer, de lui donner forme, de l’échanger, de reconnaître des éléments d’information dans ce qui paraissait autrefois simple agencement de matière ou mystérieux phénomènes du vivant, constitue cette cause commune. On a tant parlé d’information, d’économie de l’information, des techniques d’information et de communication, que plus d’un lecteur doit les avoir rangées parmi ces concepts vagues qui vivent ce que vivent les modes intellectuelles. Pourtant, il est aujourd’hui possible de quitter le terrain des invocations pour vraiment comprendre en quoi l’information et ses techniques sont une transformation majeure des civilisations humaines, et comment la collision entre leur naissance et les mécanismes antérieurs de l’économie monétaire et des régimes de propriété nous précipite dans ces mondes contradictoires.

Philippe Aigrain

[1] Doris Lessing a écrit un cycle de romans de science-fiction réunis sous le titre Canopus dans Argos : Archives.

[2] Les chiffres entre crochets renvoient à la bibliographie en fin d’ouvrage.

[3] http://www.wikipedia.org.

[4] http://fr.wikipedia.org/wiki/Clavecin.

[5] On les appelle en réalité développeurs, car leur activité ne se réduit pas à la programmation (l’écriture des logiciels) mais inclut leur conception, l’organisation de la coopération entre contributeurs multiples à ces efforts, les relations avec les usagers.

[6] Lorsque le prix d’un produit physique est dix ou cent fois supérieur au coût de sa fabrication, il devient extrêmement tentant d’en produire industriellement des copies.

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Deux mondes en un - Extrait du livre « Cause commune » de Philippe Aigrain , le 7 juillet 2008 par ZERROUK (0 rép.)

Bonjour ; Je suis chercheur indépendant , et je suis arrivé à réaliser une innovation plus performante que les éoliennes et les panneaux solaires.Une application pour les véhicules est possible ! .Malheureusement ; ma découverte est mise en veilleuse parce que la simplicité du mécanisme n’arrange pas les investisseurs .Leur choix se porte sur des technologies complèxes qui leur assurent des profits durables .Je vous demande votre contribution afin de remedier à cette inconscience ! Mes Sincères Salutations

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« Cause commune » sur France Culture , le 3 mars 2005 par Treanna (0 rép.)

On peut écouter temporairement - jusqu’à la prochaine émisison - une émission consacré à cet ouvrage sur France-Culture

-----> Écouter l’émission

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> Résistons , le 23 février 2005 (3 rép.)

Bonsoir,

Je suis surpris qu’il n’y ai pas d’avis exprimés suite à cet article. Ce qui est écrit écrit touche pourtant le fond du problème. Il y a bien au moins 2 évolutions possibles dans l’avenir de nos sociétés dites de communication, l’une où les moyens d’information$ sont propriétaires et naturellement ne sont pas neutre et l’autre où n’importe qui a le choix.

Le troisième avenir possible c’est que ce combat continue encore pendant longtemps. D’autres générations par le passé, ont du due combattre d’autres formes de domination d’une minorité sur des populations majoritaires mais serviles et arrangantes. ça c’est dans la nature humaine...

Malheureusement le passé ne peut pas alerter nos consciences car les formes sont différentes. Cependant l’Homo-sapiens n’ayant pas trop évolué ces 2 derniers millénaires nous pouvons imaginer que des intelligences exceptionnels tels que (Pascal N..., Bill ..., etc., tentent par des moyens de forces et de coercisions (Freud) d’imposer leurs opimions et surtout leurs pulsions.

Oublions les clivages politiques et philosophiques, admettons simplement que nous voulons vivre, ainsi que nos enfants, dans une société plus humaine, et surtout libre.

Résistons.

> Résistons , le 24 février 2005 par fun sun

Bonjour,

Cependant l’Homo-sapiens n’ayant pas trop évolué ces 2 derniers millénaires nous pouvons imaginer que des intelligences exceptionnels tels que (Pascal N..., Bill ..., etc., tentent par des moyens de forces et de coercisions (Freud) d’imposer leurs opimions et surtout leurs pulsions.

Je crois qu’il ne faut pas tout mélanger. Pascal N et Bill G sont des intelligences qui savent s’adapter à leur époque et leur temps selon des choix qui leur appartiennent et pour lesquels ils ne peuvent pas être jugés. Ce qui est criticable, c’est la manière dont ils utilisent ces choix en fonction du type de société dans laquelle ils vivent. Ces choix sont dépendants donc de l’environnement dans lequel ils se sont adaptés.

Affirmer que la pensée Freudienne est une force de coercition n’est pas juste selon moi. Ce que Freud a créé est une technique thérapeutique qui permet de soigner certains symptômes psychiques. Freud a, certes, créé une vision du monde avec sa langue propre mais dans un but précis : soigner.

S’il faut faire une critique ce n’est pas à partir de Freud mais de l’idée générale selon laquelle le désir d’objectivité peut être un moyen d’obliger à voir selon un certain angle et pas un autre. Vaste sujet impossible à traiter ici.

Il faut éviter de réduire les personnes à des objets pour ensuite appliquer une pensée. Le danger d’un tel raccourci finit par des expressions malheureuses (à l’instar de ce député qui traite les chômeurs de "feignasses".)

C’est réduire les chômeurs, leurs vies et leurs choix, ce qu’ils sont à des objets et, par là même, leur ôter toute forme d’humanité. Il faut faire attention. Chaque être humain est important et nul ne peut être négligé ou réduit à un objet. Si cela doit être fait dans le cadre d’une réflexion alors il faut le rappeler.

En ce qui concerne le texte maintenant.

Une cause commune les a mis en mouvement. La naissance de techniques permettant d’extraire l’information, de la créer, de la transformer, de lui donner forme, de l’échanger, de reconnaître des éléments d’information dans ce qui paraissait autrefois simple agencement de matière ou mystérieux phénomènes du vivant, constitue cette cause commune.

Une piste de réflexion selon moi, cette "cause commune" est ce l’on appelle les sciences cognitives. En ce sens que nous acceptons aujourd’hui que la connaissance, le savoir ne soient plus du seul ressort d’une pensée uniquement spéculative mais d’un ensemble de corrélations technologiques où c’est la technologie qui transforme notre appréhension et compréhension du monde. Donc nous avons affaire à une communauté de choix. En m’avançant un tantinet, il est possible de dire que la communauté du libre, dans son fonctionnement, est un descendant plus ou moins direct des sciences cognitives.

Dans les quelques années qui viennent, nous allons prendre des décisions qui détermineront de façon irréversible lequel de ces deux mondes va dominer notre avenir

Une autre piste de réflexion, ce choix implique un "uni-vers" mais pourquoi n’y aurait-il pas un "multi-vers". C’est à dire la coexistence de ces deux "uni-vers" qui finiraient par s’auto-réguler l’un l’autre ou faut-il absolument penser en termes de "combat" où l’un doit gagner par rapport à l’autre ?

Ces choix, nous les ferons et il est vrai qu’ils seront déterminants. A nous de savoir ce que nous voulons.

> Résistons , le 26 février 2005

Bonjour,

Je m’excuse de m’être mal exprimé et par conséquent d’avoir été mal interprété.En ce qui concerne Freud je faisais tout simplement référence à une célèbre citation dudit Sigmund dont voici l’intégralité " La civilisation est quelque chose d’imposé à une majorité récalcitrante par une minorité qui a compris comment s’approprier les moyens de puissance et de coercision.".

Lorque des lobbies utilisent les considérables moyens financiers à leur disposition pour imposer le débat sur les brevets logiciels ou une certaine forme de diffusion multimédia, culturelle et monopolistique, également rentable, leurs objectifs ne peuvent pas être altruiste.

Vous écrivez

ce qui est critiquable,c’est la manière dont ils utilisent ces choix en fonction du type de société dans laquelle ils vivent. Ces choix sont dépendants donc de l’environnement dans lequel ils se sont adaptés.

Que nenni comme disait Coluche car leurs choix sont bien de nous imposer le type de société dans laquelle ils vivent. Quand à la manière dont ils utilisent ces choix je partage votre avis.

Il faut éviter de réduire les personnes à des objets pour ensuite appliquer une pensée.

Tout à fait d’accord, d’autant plus que c’est l’un des griefs que nous pouvons faire aux individus cités plus haut.

Une autre piste de réflexion, ce choix implique un "uni-vers" mais pourquoi n’y aurait-il pas un "multi-vers". C’est à dire la coexistence de ces deux "uni-vers" qui finiraient par s’auto-réguler l’un l’autre ou faut-il absolument penser en termes de "combat" où l’un doit gagner par rapport à l’autre ?

Parce que les agresseurs ne nous tolérerons pas. Lorsqu’on est agressé il y a 3 attitudes possibles : 1) se soumettre 2) fuir 3) attaquer

Malheureusement nous avons un devoir envers les générations futurs et nous ne pouvons pas laisser faire.

Je terminerais par une citation de ce grand humaniste qu’est J-Jacques Rousseau" Jamais on ne corrompt le peuple, mais souvent on le trompe."

> Résistons , le 28 février 2005 par fun sun

Bonjour,

Je m’excuse de m’être mal exprimé et par conséquent d’avoir été mal interprété.

Oui, c’est un petit peu le problème. Comment trouver une expression claire et précise en un minimum de lignes sans tomber dans la démonstration de plusieurs pages ? Forcément, nous faisons tous des raccourcis en fonction de nos connaissances qui sont évidentes pour nous mais par forcément pour les autres. Ce qui amène parfois à des mécompréhensions.

La solution serait-elle de construire une pensée sans s’appuyer sur des références dans un tel contexte ? Mais je ne crois pas que cela rende plus simple le problème...

Parce que les agresseurs ne nous tolérerons pas. Lorsqu’on est agressé il y a 3 attitudes possibles : 1) se soumettre 2) fuir 3) attaquer

Malheureusement nous avons un devoir envers les générations futurs et nous ne pouvons pas laisser faire.

La notion d’agression vient, pour faire un peu de psychologie, lorsque un tiers nous montre que ce qui était une habitude est, en fait, une agression. En ce sens, c’est Stallman, qui a fait ce travail de démonstration selon moi.

Ce qui nous paraissait normal nous paraît maintenant quasi insupportable au point que nous en venons à désirer, de nouveau, un "autre monde". Sans vouloir faire de jeux de mots fallacieux ; il faut se rendre à l’évidence. Un "autre monde" se transformera en un "notre monde" que nous le voulions ou non.

C’est-à-dire que nous arriverons à une adaptation mais sans véritable changement. C’est, en mon sens, le rôle de la question du libre qui vient montrer une alternative sans pour autant remettre en cause certains fondements sur lesquels notre société repose. Mais c’est un chemin possible et envisageable.

Quant au devoir envers les générations futures, j’ai bien peur que ce soit une transformation bien plus importante qu’il ne faut. Et là, je crois que pas mal de choses sont à repenser entièrement : le rapport de notre système social et économique avec l’écosystème pour faire vite mais aussi notre manière de nous penser nous-mêmes.

Jouer sur les deux tableaux : social et psychologique demandera de gros efforts. M’occupant d’une asso de chômeurs et de précaires et étant au sein d’un service des tutelles, j’ai l’occasion de rencontrer des personnes qui sont de plus en fragilisées par notre société et qui, souvent, n’en peuvent plus tout simplement et qui sont sur le point de craquer. Travailler dans la face cachée de la société où on passe son temps à masquer les attitudes par de multiples aides quelles qu’elles soient ne me donne pas espoir sur ce changement que certains attendent.

Selon moi, ce n’est pas un projet de société mais tout simplement des sparadraps que l’on pose. C’est pour cela qu’il ne faut pas partir "la fleur au fusil" pour le libre. Le projet libre n’est pas un projet de société même s’il en prend le goût. Il est, peut-être, un moyen de parvenir à une forme de société mais tant que des personnes passeront leur temps à se brouiller la tête avec des problèmes administratifs juste pour se donner un but dans leur vie alors permettez-moi de dire que notre société n’a aucun projet, aucun but si ce n’est de petits arrangements avec elle-même, qui rafistolent un tantinet histoire de se donner bonne conscience..

Ce projet qui nous manque c’est, dans une tradition populaire, et que les écrivains racontent très bien, l’avènement d’une forme divine ou extra-terrestre ou scientifique extraordinaire qui viendrait nous donner un autre espoir en gros. Le jour où nous enlèverons le côté magique attaché à cet événement, peut-être choisirons-nous enfin un projet de société.

Pour moi, nous aurons gagner quand il y aura moins de personnes fragilisées et qui ne viendront plus me raconter leurs problèmes mais qui sauront que la société leur propose autre chose. Il y a tant de richesses pourtant...

Pour revenir sur la citation de Rousseau. Ouais, la nature de l’homme fait que la tromperie, le mensonge sont intrinsèques à lui-même donc il ne faut pas s’en étonner. Comme on dit, autant d’occupations pour l’homme. Ce qui ne veut pas dire que des personnes comme Rousseau ne doivent pas retranscrire et rappeler cela.

amicalement.

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