• Auteur : Camille Harang
  • Date : 8 mars 2006 (10 mars 2006)
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DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil...

Le lien entre artiste et public semble - pour certains - se distendre chaque jour un peu plus. Peut-être parce que le système économique de diffusion des oeuvres a empilé au fil du temps de plus en plus d’intermédiaires, éloignant ainsi la « source » de sa « cible ». On remarquera d’ailleurs que si les ventes de disques ont chuté en 2005 en France, ce n’est pas le cas de la fréquentation des salles de concerts, peut-être parce que ce lien n’y est pas si distendu.

Finalement, les questions posées par le projet de loi Dadvsi sont sans doute et avant tout un problème d’adapation du modèle économique de diffusion des oeuvres artistiques, comme l’explique ce texte de Camille Harang, auteur de « Sauvons Internet », publié aussi sur Framasoft.

Illustration vern__ sur Flickr sous licence Creative Commons BY.

Soyons honnêtes, le seul et unique problème soulevé par le projet de loi DADVSI ne concerne en rien les artistes ou le public. Le problème est purement économique. La seule chose que remet en question Internet est le modèle développé par les ayants droit pour la diffusion et le financement de la création artistique. Comme ce modèle repose sur un lien entre la création virtuelle (texte, musique, etc.) et son moyen de diffusion (et de réplication), le support physique (papier, disque, etc.), il paraissait évident à une certaine époque d’y appliquer le modèle économique habituel. Vendre de la matière on sait faire. Une voiture produite est égale à une voiture achetée, un disque produit est égal à un disque acheté.

L’apparition du numérique comme moyen de réplication, associé à Internet comme moyen de diffusion a fait basculer toute la chaîne dans le virtuel, disqualifiant ainsi ce modèle économique basé sur le support physique. La maîtrise de la réplication et de la diffusion est désormais entre les mains du public. Celui-ci ne passe plus ni directement ni systématiquement par la case « ayants droit ». Ces derniers se sentent donc marginalisés et dépossédés, car ils ne voient pas dans cet échange du public vers le public ce qu’ils ne perdent pas, mais ce que le public reçoit, ce qui est naïvement assimilé à un manque à gagner. Les ayants droit perçoivent cette situation comme de l’ingratitude de la part du public, qui se traduit par des accusations de « vol » ou de « contrefaçon ».

« Si la nature a rendu moins susceptible que toute autre chose l’appropriation exclusive, c’est bien l’action du pouvoir de la pensée que l’on appelle une idée, qu’un individu peut posséder de façon exclusive aussi longtemps qu’il la garde pour lui ; mais au moment où elle est divulguée, elle devient la possession de tous, et celui qui la reçoit ne peut pas en être dépossédé. Sa propriété particulière, aussi, est que personne ne la possède moins parce que tout le monde la possède. Celui qui reçoit une idée de moi reçoit un savoir sans diminuer le mien ; tout comme celui qui allume sa bougie à la mienne reçoit la lumière sans me plonger dans la pénombre. Que les idées circulent librement de l’un à l’autre partout sur la planète » (Thomas Jefferson, président des États-Unis d’Amérique de 1801 à 1809).

Bien que ce sentiment soit compréhensible, il n’en est pas moins biaisé, car si l’échange direct entre les ayants droit et le public (au travers du support) est rompu, il existe toujours bel et bien un échange indirect entre ces deux entités, qui se trouve mécaniquement renforcé par l’effondrement du premier. Nous assistons simplement à un glissement du modèle économique à rémunération directe, vers un modèle économique dont la rentabilité est calculée de façon indirecte en terme de « retombées ». TF1 diffuse un film le dimanche soir, et le reçoivent gratuitement autant de personnes ayant allumé leur poste sur cette chaîne. Les droits du film ne sont pas financés directement par les téléspectateurs, mais indirectement, au travers de divers calculs de probabilités de retombées publicitaires : que je sois ou non devant mon poste, que mon cerveau soit disponible, à celle que j’achète ma bouteille de Coca-Cola au supermarché, etc. Et ça marche, plus de monde regarde le film gratuitement, mieux TF1 se porte, peu importe si chaque consommateur joue le jeu jusqu’au bout, c’est calculé. Jamais une chaîne de télévision ne traitera ses téléspectateurs de « voleurs » ou de « faussaires » s’ils n’ont pas tous acheté tous les produits qu’on leur à vanté. Que celui ou celle qui n’est jamais allé(e) aux toilettes pendant la publicité jette la première pierre.

Le problème ne vient pas d’Internet et de son utilisation, mais bien de la faculté des ayants droit à développer un modèle économique viable calculé en terme de retombées. Ce n’est pas lorsque je télécharge gratuitement un album sur un réseau P2P que je participe directement à la rémunération de l’artiste et de l’ayant droit, mais lorsque je vais au concert, que j’achète un produit dérivé, ou que j’offre l’album à un ami car l’objet est irremplaçable, etc.

Ou bien que la création « [...] qu’un individu peut posséder de façon exclusive aussi longtemps qu’il la garde pour lui [...] » soit financée directement par le public avant sa diffusion. On sait que le procédé fonctionne depuis juillet 2002, lorsque des utilisateurs ont cotisé en ligne la somme de 100000€ pour acheter les droits de diffusion, de reproduction et de modification du logiciel de 3D Blender à son éditeur. À quand la même chose avec la création artistique ? En présentant les extraits d’un album en ligne, avec une touche de marketing (pub, dédicaces, cadeaux, avant-première aux bon payeurs, etc.), jusqu’au remboursement et à la libération définitive du contenu. Il ne reste plus qu’à marger sur la vente du support, les produits dérivé, les concerts, etc.

Mais l’industrie du divertissement refuse de s’y risquer. Ses ayants droit ont constaté que c’est de la transition du matériel vers le virtuel que sont apparus ces chamboulements, et au lieu d’adapter leur modèle économique au monde virtuel, ils tentent désespérément d’adapter le monde virtuel à leur modèle économique basé sur le matériel (support physique). C’est ainsi que depuis plusieurs années on assiste à diverses tentatives de transposition de propriétés physiques propres au matériel vers le virtuel, impossibilité de copier, de transférer, de diffuser, etc., au travers de différentes technologies de chiffrement, de marquage, de signature, etc. Mais la matière virtuelle est sauvage et désinvolte, elle leur échappe, les algorithmes sont régulièrement cassés. C’est une course sans fin, sauf - croient-ils - l’interdiction juridique de contourner cette « matérialisation du virtuel ». Matérialisation destinée à vendre la musique comme des des petits pain, à l’ancienne, au coup par coup. On appelle communément Internet « les autoroutes de l’information », mais à quoi sert une autoroute si il y a un péage tous les dix mètres ?

J’attendais jusqu’à aujourd’hui sereinement que les ayants droit et leur industrie continuent sur leur lancée, et se tirent leurs dernières cartouches dans le pied, ainsi par la loi du marché et de la libre concurrence naîtraient de nouveaux modèles économiques en phase avec leur époque. Le trou béant que l’industrie actuelle laissera dans le marché du divertissement est l’affaire du siècle à reprendre en viager, mais personne ne s’y risquera si le gouvernement la maintient en respiration artificielle avec le projet de loi DADVSI.

Le cinéma existait avant les boîtes de productions, la musique existait avant les maisons de disque, la littérature existait avant les maisons d’édition, et ils existeront toujours après. Honi soit qui use de l’épouvante prétextant qu’une évolution technologique soit « créatricide ». Par définition une évolution est vectrice de créativité. Elle doit faire sa place dans l’immobilisme ambiant, mais il se peut parfois que ce dernier ait raison du progrès. Le Pays des Lumières rayonnera-t-il un jour de nouveau ? Les occasions se font rares ces derniers siècles mais une fenêtre de tir se tiendra les 7, 8 et 9 mars de l’an 2006 à l’Assemblée Nationale, visons bien.

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DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 18 avril 2007 (0 rép.)

Peut-être sans importance, mais l’image n’est pas sous CC by mais sous CC by-nc-nd

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DADVSI, quelle cuisine ! , le 14 mars 2006 par Dams (1 rép.)

Les cuisiniers n’ont pas de droits sur leurs recettes, et pourtant les grands chefs seront toujours inimitables. Les peintres ne reçoivent pas de droits sur les photos de leurs peintures !!!

Le musicien est celui qui sait jouer de la musique, pas celui qui empoche des royautés. Je pense que les droits d’auteur sont une aberration, car ils teintent la création d’une problématique de rentabilité qui se compte au pourcentage des ventes. Je suis moi-même artiste-compositeur et ma maison de disque m’a refusé en 2000 ma proposition qui était une rémunération juste contre l’abandon de mes droits. Explication : si tu veux des sous, il faut que tu vendes des disques, alors, tu fais des interview, des télés, etc, mais je ne te paye pas autrement.

Explication de l’explication : si on veut y voir clair avec les droits d’auteur, P2P, Internet, loi machin, loi truc, il faut d’abord séparer la création du show-business. Et là, je ne suis pas sûr que ça intéresse du monde. Tous les " ayant droit " sont des requins qui après avoir sucé le sang des artistes veulent celui des internautes. Les droits d’auteur sont les droits du show-business. Arrêtons les droits d’auteur. Arrêtons les royautés. Vous savez ce que ça fait de toucher 2 Francs par disque ? ca fait que vous touchez 2000 balles pour 1000 disques vendus... Essayez de vendre 1000 disques... c’est pas si facile ! mais plus il y aura de copies de mon travail, et plus mes idées serons diffusées ! quel régal d’être copié ! vive le net !

Allez, bonne route, et arrêtons de chercher le fric là ou il n’est pas !

DADVSI, quelle cuisine ! , le 17 mars 2006

ma petite solution personnel et contraignante je n’achete plus rien, je ne finance plus les artistes, j’ai pas envie de payer a vie pour la detention d’oeuvre qui seront de plus en plus surveillés pour acquitter des droits. c’est fini adieu le milieu artistique je serai vache avec ca mais payer pour des gens que je ne connais pas je prefere les censurer.

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DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 13 mars 2006 par marcantoine (0 rép.)

Pour aller dans le sens de l’article "DADVSI, Voltaire nous tient à l’oeil", quand la culture une fois de plus sert de pretexte pour renforcer la concentration des industries...culturelles, avec l’Etat comme complice, je vous conseille l’article suivant. Le combat continue, à nous messieurs les sénateurs http://www.gem.sciences-po.fr/content/publications/pdf/levy_tornile_0306_enjeux_licence.pdf

-----> DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil...

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et les classicos... , le 12 mars 2006 par lulu (0 rép.)

bonjour, excellent article.

Je voudrais juste dire que la musique, c’est surtout fait pour être écouter en vrai. Même avec un super système de reproduction sonore, un cd est quand même de la musique en conserve.

Je suis musicien classique, et nous ne pouvons pas ou peu faire de bénéfices sur les cd. Nous continuons tout de même d’en enregistrer, parceque c’est une bonne carte de visite pour ceux qui voudraient venir à nos concerts.

Que les artistes se concentrent sur la musique live. Si nous les classicos pouvont en vivre, ça doit être possible dans les autres musique.

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mais à quoi sert une autoroute si il y a un péage tous les dix mètres ? , le 11 mars 2006 par Skro (0 rép.)

Tous les 10 mètres, ça n’existe pas, mais tous les 5 km, ça existe, entre Paris et Rouen.

Moralité, il n’y a jamais personne dessus :D

Regards, Skro, qui transpose le monde virtuel dans le réel, ou l’inverse

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DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 11 mars 2006 par borneo (1 rép.)

Un des textes les plus justes que j’ai pu lire sur le sujet.

La citation de thomas Jefferson, je la recopie !

Merci à l’auteur.

-----> Merci à l’auteur

DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 12 mars 2006

Tout à fait d’accord. Excellentissime. Bravo. Et merci.

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DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 10 mars 2006 par didjeko (0 rép.)

La référence de base : le président des zétazuni la comparaison qui tue : tf1, support publicitaire pour la vente de sodas, voila l’avenir pour sauver la pla-nète proposé par l’article ! C’est quand même hyper-réducteur, et je me sauve en courant réécouter Stockhausen : faisons voile vers le soleil !

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Virtuel n’est pas immatériel , le 9 mars 2006 par Etienne (0 rép.)

J’apprécie beaucoup ce texte, mais je voudrais rappeler que virtuel désigne ce qui pourrait exister mais qui est encore en germe ou même moins ; la création musicale n’est pas virtuelle, elle est immatérielle ; c’est une création purement informationnelle, en tout cas maintenant que la technologie nous permet de réduire la musique à une simple information dupliquable (on pouvait déjà depouis longtemps en recopiant une partition, mais ce n’était pas aussi universel comme outil).

J’ai lu trop vite, ou alors Voltaire est mobilisé dans le titre et pas dans le corps du texte ?

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DADVSI, débat de ce soir , le 9 mars 2006 par gokudomatic (0 rép.)

Ceci est véritablement incroyable. Le débat qui fait actuellement rage démontre plusieurs violations fondamentales des droits d’expression des députés. Nous assistons à un réel magouillage procédurier pour que RDDV arrive à ses fins en dépit de l’avis de tous les autres.

J’en suis vraiment consterné.

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DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 9 mars 2006 par Frédéric (0 rép.)

Ce qui est génant dans ce débat et là où j’ai beaucoup de mal à me positionner c’est que le logiciel libre propose une autre économie basée sur le partage et que le P2P également. S’il m’est tout à fait évident qu’il y a une différence fondamentale entre ces deux modes de consommation, je ne perçoit pas partout dans les esprits cette différence (je suis enseignant et j’ai parfois invité mes étudiants à regarder du côté du libre). A terme qu’adviendra-t-il du monde du logiciel libre si moyennant une petite somme l’infini est à portée de main ?

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DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 9 mars 2006 (5 rép.)

"Soyons honnêtes, le seul et unique problème soulevé par le projet de loi DADVSI ne concerne en rien les artistes ou le public. Le problème est purement économique"

Paradoxalement, quand HP licencie 3000 personnes qui perdent leur emploi,personne ne trouve ca normal.

Organiser la légalisation de la copie illégale et demander a tous les artistes de ne plus vivre de leur art,alors tout le monde devrait trouver ca normal... Effectivement, on me retorquera qu’un artiste exerce son art gratuitement,mais il a aussi le droit de mettre ou ne pas mettre a disposition gratuitement son oeuvre.

Les artistes sont libres de donner leurs oeuvres gratuitement si ils le veulent,par contre il est du devoir de les protèger si ils désirent les vendre.

Si une marque comme vuitton se fait copier,c’est pas normal car ca met en peril une pauvre usine a Sarras en ardeche.Par contre si un disque se fait copier alors tout le monde s’en fout.Je ne suis pas d’accord.Au lieu d’essayer de donner au publique votant le sacrifice d’une industrie et de personnes qui travaillent en legalisant les telechargements illégaux,on ferait mieux de les aider a se defendre comme on peux le faire pour une marque de sacs a main à la con.

J’aime ce site, car je peux y trouver des logiciels légaux qui sont mis a disposition par leurs auteurs.Par contre je déteste tout ces articles totalement partiaux par de supposés docteurs seuls détenteur de la vérité.Aucun d’eux ne doit travailler dans le milieu de la musique ni un secteur ou la copie frauduleuse cause de graves pertes(le cinema, ou les logiciels par exemple,et je parle de dirigeants, pas de manards qui en ont rien a foutre des resultats de leur boite).

Je trouve ca gerbant....

DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 9 mars 2006

« Aucun d’eux ne doit travailler dans le milieu de la musique ni un secteur ou la copie frauduleuse cause de graves pertes(le cinema, ou les logiciels »

Je travaille dans le cinéma d’animation et je développe des Logiciels Libres. Et toi ? Tu es musicien ?

Tu peux me montrer le passage ou j’ai écrit « Organiser la légalisation de la copie illégale et demander a tous les artistes de ne plus vivre de leur art ». Je ne le trouve pas, mais si c’est le cas il faut vite retirer cette énormité, elle n’est - d’après mon navigateur - présente que dans ton message. Donc, s’il-te-plait, n’attribue pas aux autres des énormités dont tu es l’auteur.

Camille.

DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 9 mars 2006

J’oubliais, je suis aussi membre d’un groupe de musique professionnel :

http://www.leejoungju.com/

Camille.

PS1 : Cinéma d’animation : http://www.lamenagerie.com/

PS2 : Logciels Libres : http://mammique.net/ ?category=soft

DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 9 mars 2006 par lt2ab

Bonjour,

Quelles sont les références des études qui estiment les pertes des artistes et des maisons de disques dûes au téléchargement sauvage sur les sites p2p ? Merci,

Laurent.

DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 9 mars 2006

Merci à Camille Harang pour ce texte !

« Aucun d’eux ne doit travailler dans le milieu de la musique ni un secteur ou la copie frauduleuse cause de graves pertes » Eh bien, je n’ai certes pas écrit cet article, mais je suis musicien vivant de la musique, et je l’approuve tout à fait.

Si l’industrie du cinéma et de la musique est incapable de s’adapter, tant pis pour elle. Cela ne signifie pas la mort des artistes. Les artistes, je les côtoie tous les jours, et tous ceux que je connais, pour peu qu’ils soient équipés, téléchargent. Peut-être justement par écœurement, car si ils achètent un CD/DVD à 30 € (Eh oui, 30 € c’est triste, non ?), ils savent parfaitement que seule une trop faible partie profitera à l’artiste.

Quel est votre métier ? En quoi souffrez-vous des copies frauduleuses ? Et encore une fois, qu’est-ce qui vous fait dire que l’industrie du disque souffre des copies, alors que de nombreuses études prouvent le contraire ?

Meilleures salutations,

-----> J.E.

DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 10 mars 2006 par Michel

Par rapport au message de leejoungju, pour avoir visité votre site, je trouve que votre démarche se rapproche de celle de magnatude.com. Comme ils le précisent sur leur site, la production d’un CD pour l’envoi leur coute environ 7$. En cela, ils préfèrent le chargement de l’album. Cependant, après la découverte de tout ou partie d’un album, tout le monde n’a pas la même réaction.

Certains recopient sans vergogne, d’autre achètent.

Par rapport à une remarque ancienne, on m’a reproché, par mes achats de faire partie des nantis. Certains considèrent que la culture ne doit pas être accessible qu’aux "riches" Reste à définir culture et riche. Malgré les outils, malgré Internet, je n’ai pas changé mes habitudes de consommateur. L’intérêt de ceux ci est de permettre de découvrir et de renforcer la tentation d’achat ... La différence entre écrire un livre et mettre ses écrits directement sur un site Internet, est que, dans le premier cas, la "preuve" de la paternité intellectuelle est acquise et prouvable. Reste qu’une fois publié, lesavoir est partagé.

Ceci n’engage que moi.

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DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 8 mars 2006 par Lafeek (4 rép.)

Je croyais que, par définition, un artiste ne travaillait pas pour l’argent mais pour son art. Visiblement, je me suis trompé.

DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 9 mars 2006 par FredCL

Bonjour,

je ne sais pas si cette étude te satisferas mais elle a le mérite d’exister.

Peer-to-peer, gravure, échanges Une étude inédite des comportements des internautes

Synthèse des résultats

Résultats détaillés

Cordialement

Fred

DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 9 mars 2006

J’avais déjà lu cet article que je trouve très intéressant et qui me semble juste et complet.

Par mon message je ne faisais que critiquer ceux qui se nomment artistes parce qu’ils ont une maison de disque qui vend leurs voix, et qui ne pensent principalement qu’à leur argent et non pas à la qualité de leurs productions. De plus je critiquais le fait que certains artistes ne trouvent pas de maison de disque pour distribuer leurs œuvres sous prétexte que leur style ne colle pas avec celui de la radio française, et donc n’est pas assez vendeur.

Personnellement, la musique que j’écoute ne passe pas à la radio en France, et se trouve difficilement en vente dans les "espaces culturels" des magasins, quand elle y est en vente.

Bien sûr, je n’ai jamais dit que tous les artistes qui pensent à leur argent n’en sont pas.

DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 9 mars 2006 par FredCL

Désolé, mais j’ai lamentablement merdoyé quand j’ai posté le message sur l’étude de l’impact du téléchargement. En fait je voulais répondre au message au dessus de lt2ab qui demandait les références des études qui estiment les pertes des artistes.

DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 10 mars 2006

J’avais compris l’erreur de post.

Merci pour ces liens qui confirment ce que je devinais un peu à savoir que les internautes qui téléchargent sont aussi des consommateurs de culture payante.

Je cherchais en fait une étude qui vienne à l’appui des affirmations des maison d’édition et des artistes qui se plaignent des pertes causées par le téléchargement sauvage et qui les chiffre.

Lt2ab.

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DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 8 mars 2006 par Thirius (3 rép.)

Il est étonnant que beaucoup d’artistes ne comprennent pas cela.

Entendre Hubert-Félix Thiéfaine l’autre jour sur France Inter démontrer qu’il était devenu un vieux con attaché à ses revenus durement acquis après des années de vaches maigres était pathétique. Voir la signature de beaucoup d’artistes estimables dans la pétition anti-licence globale (un peu forcée ?) de la Sacem est pour moi un crève-coeur. Je les espérais nettement plus artistes et visionnaires que boutiquiers et réactionnaires.

Heureusement qu’un Benjamin Biolay ou un Dominique A, et quelques autres moins connus, sauvent l’honneur d’une profession dépassée par les événements...

DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 9 mars 2006

Tu crois sincerement que Dominique A et Benjamin Biolay sont des amateurs qui travaillent au macdo ou sont fonctionnaires pour pouvoir prendre 3 mois de vacances pour pouvoir partir en tournée et 1 mois pour pouvoir enregistrer son disque ??

Pathetique....

-----> art

DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 9 mars 2006 par Luk

La licence globale est justement un moyen qui permettrait de rémunérer les artistes. N’oublions pas que seuls les gros poissons touchent une part significative des ventes. Il s’agit bien de faire circuler de l’argent là où il n’y en a pas pour le moment.

Le disque est agonisant, les éditeurs de musique ne manqueront pas d’offrir l’accès à leur catalogue sur une base forfaite dans quelques années, exactement comme le cinéma l’a déjà fait. L’enjeu du débat actuel est le contrôle des réseaux de diffusion. Le chois qui s’opère aujourd’hui est de choisir entre le P2P finançant directement les artistes (avec la possibilité de ratios favorisant les petits) par une licence globale et des réseaux privés pour chacun des éditeurs leur permettant de contrôler totalement les flux financiers et l’accès la diffusion.

Personne n’a pleuré sur les ouvriers mineurs ou de la siderurgie qu’on a mis dehors dans les années 80. On leur a répété qu’il fallait savoir s’adapter (sous entendu, si vous restez au chômage, c’est parce que vous êtes nuls). On assiste aujourd’hui à une situation quasi identique, sauf que les inadaptés sont en position d’oligopole et peuvent s’offrir un ministre.

DADVSI, Voltaire nous tient à l’œil... , le 9 mars 2006 par Ikario

Excellent ce rapporchement avec les sidérurgistes. Je suis né dans le bassin de la Vallée de la Moselle (Entre Nancy et Pont-à-Mousson). Quand je retourne voir ma famille, je vois le résultat de la casse sociale effectuée il y a 25 ans. Ce sont des régions sinistrées avec un taux de chômage record chez les jeunes (et moins jeunes).

Oui, il y a deux poids deux mesures. Les privilégiés "qui peuvent s’acheter un ministre" et les "pauvres bougres" qu’on laisse au bord de la route.

Bravo Luk pour ton éclairage citoyen "prolétaire".

-----> http://ikario.net

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