Nous sommes révolté·es par les injustices, indignités et indécences du monde actuel, façonné par le capitalisme de surveillance. Nous souhaitons contribuer à l’émancipation des personnes par notre champ d’action et d’expertise : le numérique et les communs culturels. Nous croyons que des humain·es autonomes, fières, savants, solidaires et partageuses peuvent rendre le monde plus agréable à vivre pour tous et toutes.

Dans une culture où le numérique est omniprésent, nous voulons proposer des outils conviviaux et émancipateurs, qui redonnent du pouvoir aux personnes en respectant leur intégrité et leur dignité. Nous acceptons cependant nos limites lorsque nous tentons de concrétiser ces idéaux : nous faisons de notre mieux, et c’est déjà pas mal !

Notre mode d’expression, c’est de faire. Nous nous sentons utiles dans l’action et croyons que nos façons d’agir révèlent nos valeurs. Nous voyons Framasoft comme une association de préfiguration : nous présentons nos réalisations comme autant de prototypes que quiconque peut s’approprier pour les reproduire à une autre échelle, ou les adapter à d’autres contraintes.

Ayant plus de doutes que de certitudes, nous envisageons ce que nous faisons comme des expérimentations. Nous acceptons donc l’échec : l’erreur est humaine, et nous aussi ! Nous trouvons même de la joie dans les ratages, car ils peuvent aussi plus nous apprendre qu’une réussite. Or, pour nous, le savoir a plus d’importance que l’efficacité.

Nous faisons en sorte de partager librement les recettes, les produits et les enseignements tirés de nos actions. Nous élevons nos réalisations dans les Communs. Nous voulons que chacun·e puisse s’en emparer et les adapter à sa situation, mais aussi éviter d’être en situation de pouvoir à cause d’un monopole sur une ressource ou une autre.

Ni nous, ni l’association ne sont éternelles… et nous l’acceptons. Nous agissons pour la compostabilité de Framasoft, c’est-à-dire que nous veillons à laisser des traces fertiles, à créer des ruines utiles pour que celles et ceux qui viendront après nous puissent construire avec ce qu’il restera de nos actions.

Cette affirmation porte en soi ses propres limites. Nous avons compris que nous ne pourrons pas prendre soin d’un Commun, ni des autres si nous ne portons pas attention à nous-mêmes, pas plus que nous ne pourrons partager une flamme si nous laissons notre propre feu de camp s’éteindre.

Nous estimons que chacun·e (nous inclus·es !) est dans un cheminement. Nous cherchons donc à déconstruire les réflexes puristes qui nous feraient poser un jugement moral sur les pratiques et parcours d’autrui, que ce soit pour les légitimer ou les condamner. Nous prenons aussi grand soin de ne pas valoriser nos modes d’action au détriment de ceux adoptés par des collectifs avec lesquels nous partageons des valeurs et idéaux.

Nous savons que nous ne sommes qu’une pièce du puzzle. Ce que nous faisons sera, forcément, parcellaire et insuffisant. C’est pour cela que nous essayons d’entretenir des liens solidaires avec d’autres collectifs, agissant dans d’autres domaines, avec leurs propres méthodes. À nos yeux, la diversité des modes d’action est indispensable à leur impact.

Nous ne voulons pas prouter plus haut que nos fondements. Nous n’hésitons pas à user de plaisanteries pour relâcher la pression, quitte à froisser les sérieux. Si l’humour est au cœur de nos pratiques, il n’entache en rien le fond de nos actions.